jeudi 30 octobre 2014

Dans les sinues du monde sans papier
la serveuse se pend d'abord
au lèvres ensuite, la prunelle toute édifice
un peu de café, monsieur, dans vot' grand yeule?
Les tables sont montées pleines de ragots
les gros phoques regardent au moins
le soleil se coucher tous les soirs
moi les envies maladives montent
de publier tout bas
pourquoi tout est si somnifère
je suis juste un peu désolée
c'est un calme néon, un calme foison
Les poèmes démissionnent en ce temps
trop normal, pas pour jamais
la flagrance du seyant est annihilée
si c'est une tristesse ordinaire
qui jonche nos corps villages englouti 

et c'est à ce moment précis du visage
que mes traits de comètes atterrissent
déboulent le discible
et font éclater les cous, décoller les ongles
je ne trouve pas de belle douleur
dans votre calme moche


; votre calme moche 

On dirait une église accroupie
de contemplations aux mauvaises places
ou un toupet crêpé avec du miel
un chemin vaseux sans cesse emprunté sans litige 
ça me dérange, ma tempête s'exclame au bout là-bas
voyons donc, qu'elle dit
ce calme moche n'est pas à moi

mercredi 22 octobre 2014

Des allusions douloureuses

Au moindre phœnix bramant, tout universitaire 
Dans son arrivée, dans son murmure embué
convoi de symbole, une distribution dans le noir
La traîne de plumes jonche, fanée de moins en moins
Indolente creuse un fossé dans mes dunes de feuilles mortes
si c'est une cape pleines de solennité
je la regarde comme un tissu avec peu de sang
dans la grâce le cœur est apte
il fait un mouvement beau avec le calme
je me prosterne devant le drame créateur
À coup de matraques gentilles aux creux des genoux
Ma tête concassée en morceaux coupants se répand sur le sol  
je dis va mon théâtre quand je dors 






jeudi 7 novembre 2013

Fatima fatiguée fourre froidement




Les doigts de Fatima
sentent bon les amandes
sueur étroite , quand tombe
le voile délicate soie de souffre
ou dansent éperdues dans le vent
jamais séduite ni au bord du gouffre
les fleurs de l'oranger, parfumer le ciel
la paupière tombe une prunelle joliement acablée
toujours déçue le rêve déchu par dessus la fenêtre
peau blanche dépoudrée briser l'image du visage
atablée de pudeur ou dans un puit d'ombre
à rêver d'autres jours rêver tendre les seins
aux lieux d'une main, tendre des bouts de
chair taités, n'appartenir à l'homme qu'au
coeur comme lorsqu'on entre à la maison
s'effonder dans l'air, dans le lit, l'horizon
entendre le grognement de la terre de
la vie qui se meut autre part qu'au
ciel lumière dans le corps quand
on meurt la vie ne va pas
ailleurs

Érotismes de nos écoeurements

Lourdeur, mes draps te couvrent
avec quand tu pousses j'ai pitié de ta pornographie
ton âme lancine lanterne sur toutes mes naïvetés débiles
sont envolée dans la pièce sombre décalque graves soupires
tes rouges éclairages broken social scene
miroir mon cul que je suis belle
avec les joues pleine de larmes de quand tu t'en vas

Tes étirements dans la cuisine
dérangent mes jours paresses osseuses
mets donc la table qu'on en finisse
silences déféquatoires défectueux
 tu pisses la porte ouverte
(Frétillement des œufs dans la poêle, le matin)

poussières de je t'aime de quand tu reviens
pour calmer mon noir silence on tourne
ta voix est sincère quand tu reviens
de tes pèlerinages homme défait
vie agonisante
à quoi penses-tu quand tu me détruit
à petits coups
d'éclairages
de films pour adultes


mercredi 15 mai 2013

Mégot




J’échancre les phrases, j’ai peur de tout érafler par la haine, par mes mots pillards et  enfiellés. Cette rage qui gîte au fond de ma défroque humaine, je tais pesamment sa nature belliqueuse, je l’écrase comme un mégot sous mon talon, je lui étouffe sa braise fumante et laiteuse, je lui étouffe sa gueule de sans-abris de connard arrogant pour ne pas qu’on regarde par ici, pour ne pas qu’on remarque le bourdonnement de mon âme échevelée.

samedi 9 mars 2013






Je suis née au cours de l’hiver, un cinq Février 1993 en même temps que la Sainte-Agathe que personne ne célèbre. Comme on dit : «  Pour la Sainte-Agathe, plante ton oignon, fût-il dans la glace, il deviendra bon. » J’ai affleuré le jour en bondissant hors du corps de mon hôte, les jambes courbée vers l’intérieur, le teint aussi vert qu’une olive . L’air a empli mes poumons, le hurlement chevrotant de cette vie si vierge fut apaisé par le Athan de mon père en entonnoir dans mes minuscules oreilles; le premier contact avec la mère fut avorté afin que mon cœur soit ligoté à ce son. Le souffle chaud de sa voix, son haleine qui se distille dans ma tête, est-ce possible de se souvenir d’une telle chose. Je suis née comme un mauvais présage au centre d’une guerre qui n’aurait jamais dû naître, les cheveux noirs et abondants comme la méditerranée de mon père, le cœur fringuant et libre comme le Québec de ma mère. 

mercredi 13 février 2013

Le rêve exauce



Le rêve est sibyllin, magnifique. Celui qui sait, pleur d’un bonheur si pur et ses larmes se changent en glacillons au coin des joues comme aux fenêtres d’un foyer paisible.

Mon esprit captif, sauvage Ookpik, sublime harfang des neiges s’esquive et d’un battement de ses grandes ailes blanches, s’éloigne de mon corps vide simulant le sommeil humain.

J’écarte délicatement les branches des grands sapins ensevelis sous la neige-Mère, celle qui tombe la première et qui jamais n’est bousculée. Cette neige-Mère est élégante, perchée sur la cime des arbres, elle chatoie sous les caresses de la lune. Mon passage nébuleux bouleverse la charpente immaculée des couvertures de satin, une chute gracieuse me frôle de sa bise glaciale. Je traverse les sous-bois qui surplombent les chantiers enneigés; les hautes herbes folles valsent derrière moi comme des écharpes de dentelles aux fentes ajourées laissant passer vie avec ténuité. Je jette un dernier coup d’œil à la maison de mon enfance, son reflet à travers les fins tricots de flocons me laisse un souvenir vaporeux comme l’air. Une faible lueur orangée me parvient d’une baie vitrée, lointaine séduction, des années lumières me séparent de sa chaleur. Mon corps-chimère s’éloigne instinctivement, attirée par la noirceur de l’autre côté, par la quiétude de l’âme que me procure cette obscurité scintillante, cette douceur nocturne qui berce les tréfonds de mon être.

Je voudrais atteindre l’autre bord. Le rêve m’exauce. Mon élan est dénué de fougue, c’est une impulsion soudaine que l’engourdissement psychique me dispose à travers le songe. La tiédeur de mon souffle m’enveloppe, le froid est si beau lorsqu’il est indolore. La solitude est parfaite. J’immerge de la forêt comme la sentinelle, je suis la pupille du ciel tombée sur terre. Je suis une étoile.

L’horizon nu de ce désert bleuté m’évoque autre chose. Cette autre chose qui est inconnue encore. D’immenses glaciers flottent le long de l’épais littoral glacé de ce pays enchanté, surmontent la grandeur, celle qui n’a jamais été vue. Leur gigantesque masse est animée de longs mouvements langoureux et je penche la tête. Mes yeux se ferment, je voudrais glisser comme un glacier. Je m’avance, tel un spectre inuit, puis, j’échappe l’équilibre, je fond dans une brèche plus étroite encore qu’une écaille. Ma matière est réelle, je coule comme une rivière sur la paroi des fondations bruyantes de la grotte. Je me sens si belle que j’oublie de respirer.

L’air est si pur à l’intérieur qu’une seule de ses bouffées peuvent vous faire vivre éternellement. Je suis prise d’un frisson qui me nourrit; à l’entrée de la grotte,  miroite au plafond les plus infimes nuances de verts et de bleu. Les remous d’eau gelée dans le bassin clapotent le long des bancs parés de joyaux, les murs de serpentines semblent doux et gras au toucher, je voudrais m’y blottir comme un ours qui tend l’oreille aux aurores.

Au fond de l’eau grise, que les perles de fonte rendent trouble, dansent de faibles lumières phosphorescentes. Je laisse choir mon corps lourd et ballottant de phoque au pied du réservoir, je m’abreuve.

Le ventre du glacier gronde gentiment, et les lumières grandissantes, s’approchent de moi. Leur beauté est vivante, je sens leurs regards caresser ma douleur, et mon cœur étanche de malheur s’épanoui devant les esprits multicolores de la grotte qui émergent tranquillement de l’eau. Ils flottent éperdument au centre d’une vision sublime et dansent dans les airs tout près de moi, rependant leur ivresse au creux de mon être-viduité. Un chant terrestre résonne dans l’écho des profondeurs, des poissons venus d’ailleurs, écoutent avec vitalité les ondes projetées au fond de l’eau. Je pleurs des larmes, la plénitude enfin s’empare de moi et je voudrais que le bonheur ne dure qu’une fraction de seconde, cette fraction de seconde qui existe entre l’aube et l’aurore, celle qui permet aux songes d’être aussi poignants au réveil. Le rêve exauce ceux qui rêvent.





lundi 4 février 2013

J'entrepose sous la rondeur de mon sein les fantastiques sédiments apostumés


J'entrepose sous la rondeur de mon sein les fantastiques sédiments apostumés. Je laisse prendre gîte dans l'hostilité de ma chair, tout près du coeur les restes d'un souper qui pourrit. Je voudrait que cette belle monticule soit maligne, qu'elle se transforme en poulpe tortueux et rusé, qu'on ne puisse jamais l'extirper de mon corps. La nuit berce mes espoirs de me faire emporter par l'épuisement. Oh fine quintessence de la vie, je ne me battrait point, j'en rêve secrètement de succomber au combat. Il y a de ces choses qui ne doivent rester que désires étouffés.

Au bureau du docteur T'haubyt, tout prend feu.
La vie, les gens. Les histoires sont émiettées, les visages sont défaits.

mardi 25 décembre 2012

Chroniques de l'Art-rose




Le bassin dans mon corps s’émiette au pied de ma colonne, je le sens qui s’égrène dans ma peau comme le pilon qui broie les épices déjà de poudre et de vent, comme le pilon qui se broie lui-même dans un destin rétif et vicieux. Une indienne récolte mes os dans un sceau pendant que je défroisse mon visage de douleur. Les bruits de sa salive propulsée dans son gosier d’indienne accroupie. Ma mère me disait toujours que l’immobilité de l’âme et du corps dans la plus méphitique torpeur se résorbait et enfantait en l’homme une lente et paresseuse mort.

J’ai vu son squelette, aussi maigre que le mien, chercher répit dans son corps évasé, chercher appui sur lui-même. La friction des os produit un murmure au fond de l’être qui ne laisse pas dormir. Je ne pouvais pas dormir à l’entendre se retourner sur son matelas, à l’entendre se lever pour aller prendre un bain chaud. L’étuve la faisait bouillir jusqu’à ce qu’elle ferme les yeux dans l’eau et se laisse glisser dans le silence; mon corps s’assoupissait de fatigue dans l’apaisement de ses souffrances. Ma mère ne s’endormait jamais vraiment complètement.

Et le matin, quand les rayons inondent mes paupières de rouge, je crois être encore au creux de son ventre en lumière. Je sursaute dans mon sommeil interdit. Je me souviens de ses gémissements, et de mon moi immobile qui lui mange les entrailles. Moi qui m’en voulais : « Pardon maman, d’avoir mangé ton foie pour toujours.» Et elle qui me rassurait : « Ma fille, on peut vivre avec la moitié d’un foie.»

Je l’ai vu s’asseoir pour la première fois et ne plus jamais se relever. J’ai tâté sa poitrine de ma joue, et je me suis enfouie entre ses deux seins qui pendaient comme des renards. Ma mère m’a regardée. Elle sentait toujours le souper. Son cœur a continué de battre pendant que l’indienne récoltait ses os époudrés dans un sceau. Je lui ai tenue la main.

Je me sens figer, ma chair cimentée me paralyse de toute sédition corporelle. La soupe avait un gout humain, un gout ferreux. Je l’ai fait descendre doucement dans mon œsophage, elle a caressé ma faim. Je digère encore le poison.

Je ne lui en veux pas, de m’avoir donné la vilaine vie.  

samedi 31 juillet 2010

Bleu


 Trente minutes d’explosion. Urine et moi au bord des larmes, le monde en suspend qui écoute nos voix; la douleur et le bois sont deux bruit qui s’aiment. Tout reste à comprendre, mes mots comme de la gouache, les doigts pleins de couleurs, plein de ressentiments qui s’exhibent sur ma toile. Je délivre ce qui s’inhibe, ce qui m’enivre et me scrute méticuleusement. Ca m’éclate le ventre; mes mots déjà m’éventrent, me vide de mon bois.

J’essaie d’attendre encore. D’espérer moins fort, peut-être même d’oublier lâchement qu’il existe autre activité humaine sur terre que la mienne. On s’écorche à vivre, On s’entête à Bouger dans le vide. Un vide qui goute le mauve. Un vide qui rapporte gros, lorsqu’on aime l’amplitude du néant et qu’on s’y sent merveilleusement bien.

J’ai les deux poumons qui grognent, qui recollent les trous. Automatisme. Erreur. Rendez-moi mes bronches. Rendez-moi mon air. Je veux peindre du bleu. Encore. Pour toujours. M’y noyer. M’en éprendre. À m’en rendre malade. Je veux en mettre sur toutes les galeries du monde. Sur toutes les portes de l’univers. Je veux vivre ce déjà-vu. Y associer une musique qu’on aurait pu entendre, par mégarde. Par supposition; un silence que j’aime. Pas de ceux qui meurtrissent les oreilles. Ceux qui nous laisse avide de son, de cette voix réconfortante qu’on a tant envi d’entendre encore et encore. Jusqu’à en mourir d’extase. D’admiration. D’émois et de délivrance. Une euphorie intemporelle. Qui ne disparait jamais, mais qu’on recherche sans cesse.

Laissez-moi remonter ces montagnes, recouvrer la paix qui berçait mon cœur au sommet du monde. Rien qu’un instant,  Que l’envi de rire me reprenne. Me saisisse à nouveau. L’appel à l’éveil. Qu’on s’émerveille. Qu’on se prenne dans nos bras noir et qu’un de nous deux se mette à pleurer, alors que l’autre regarderait le monde sous ses pied se dérober.

Donnez-moi du bleu, rien qu’un peu encore, que je me l’injecte. Que je le fume. J’ai envi de partir, loin. Me blottir contre une pierre qui ne m’aime pas mais qui me comprend. Entendre une voix qui me chavire. Qui me chahute. Des mots qui me ressemble, qui ont été écrit juste pour moi. Au cas où je déciderais de comprendre un jour, que la vie n’est que ce que à quoi nous voulons bien croire.

Soupir. La vraie vie reprend, malheureusement.